Volcanisme en territoire caribéen

Les îles de la Caraïbe s’étendent en arc reliant l’Amérique du Nord à l’Amérique du Sud. Parmi ces îles, plusieurs sont nées d’une activité volcanique sous-marine ancienne. Des éruptions ont créé des îles volcaniques comme : la Guadeloupe, Montserrat, la Dominique ou Saint-Vincent où il y a maintenant de « nouveaux » volcans. On recense officiellement, 21 volcans actifs dans la Caraïbe. Ils sont tous de type stratovolcan à l’exception du volcan de Sainte-Lucie constitué d’une caldeira et du volcan sous-marin « Kick’em Henny ». Souvent en sommeil depuis plusieurs années, on trouve au moins un volcan par île et cela de Saba à la Grenade à l’exception de la Dominique qui en abrite neuf.

A rajouter que les îles de Caraïbe se situent sur ce qu’on va appeler la ceinture de feu, c’est-à-dire la zone regroupant le plus de volcan au Monde, dans le Pacifique. Pourquoi, parce qu’une grande partie des zones de subduction actuelles sont autour de l’océan Pacifique.

C’est quoi un Volcan ?

Il faut déjà comprendre la différence entre un volcan dit « actif » et dit « éteint ».

Un volcan dit actif par définition, sont généralement ceux qui sont en phases d’activités, qui alternent avec des phases de sommeil qui peuvent être longues (jusqu’à plusieurs centaines d’années). Certains volcans vivent plusieurs centaines de milliers d’années, voire quelques millions d’années, tandis que d’autres naissent et, après seulement quelques jours d’activité, s’endorment à tout jamais. On ne peut pas dire à l’avance qu’un volcan va rester actif ou pas. C’est pour cela que par convention, un volcan actif, est celui qui a au moins une éruption dans les derniers 10 000ans.

Un volcan dit éteint tant qu’à lui l’est, si le temps écoulé depuis sa dernière est largement supérieur à la moyenne de ses périodes de sommeil passées, mais pour autant ça ne veut dire qu’il ne peut se réveiller. (exemple : Mont ST Helen, USA, Mount Saint Helens | Location, Eruption, Map, & Facts | Britannica).

Les termes

Le volcanisme comprend l’ensemble des phénomènes naturels liés à l’activité des volcans, notamment aux éruptions volcaniques, ainsi qu’à la présence de magma à l’intérieur de la Terre.
La volcanologie est la science qui s’intéresse au fonctionnement des volcans et aux phénomènes associés dont le magmatisme.

Le magmatisme est une expression des transferts de la chaleur interne de la Terre. Il participe donc au refroidissement général du globe terrestre.

Magma et Lave

La lave et le magma sont tous les deux issus de roches en fusion.
Le magma est à l’origine de la lave émise en surface. Près de la surface, la chute pression entraine un dégazage du magma qui « perd » ses composées volatils (= gaz dissous). Sa composition chimique change : la lave contient généralement moins de fer et de magnésium et davantage de calcium, de sodium ou de potassium.
La composition chimique de la lave émise est différente de celle du
magma !!
De plus, à son épanchement en surface, certains éléments contenus dans la
lave ont aussi tendance à s’oxyder au contact de l’air, comme le soufre, par
exemple.

Eruption

Nous avons vu la différence entre magma et lave, mais maintenant il faut comprendre le processus permettant la remontée de ces liquides. En profondeur, le magma est comme un liquide interstitiel; c’est-à-dire entre 2 couches; dans une matrice poreuse solide.

Le magma, moins dense que les roches environnantes, est entraîné vers la surface par la poussée d’Archimède. Il fracture les roches en remontant via des dykes ou diapirs. Cette ascension est favorisée dans les zones fissurées et peut s’arrêter à différentes profondeurs, formant des plutons, ou atteindre la surface lors d’éruptions volcaniques. Parfois, le magma s’accumule dans des chambres magmatiques avant de se libérer. La vitesse de montée dépend de la viscosité, variant de 1 m/s (système de vitesse) pour le basalte à 10⁻⁴ m/s pour des magmas plus visqueux comme les rhyolites.

Lorsque le magma remonte, il provoque une baisse de pression, menant à l’exsolution partielle des gaz dissous. Cela entraîne la formation de bulles, réduisant la densité du magma et augmentant son volume. Cette dilatation élève la pression dans le réservoir, provoquant la fracturation des roches environnantes. Ce processus déclenche séismes et soulèvements du sol, favorisant l’éruption. Les gaz migrent vers la surface, accélérant la montée du magma, rendant l’éruption inévitable à partir d’un certain point.

Les types d’éruptions et de volcans dans le monde et dans la Caraïbe
Deux types principaux :

  • Effusif (lavatique), ce sont les volcans du type Hawaïen avec des coulées de lave « fluide ». On dit qu’ils sont des volcans rouges.
  • Explosif de différents types, mais majoritairement des volcans gris (peu ou pas de coulée de lave, ils forment des nuages gris) :
    • Volcan Strombolien (gris et parfois rouge)
    • Volcan vulcanien (gris)
    • Volcan plinien (gris)
    • Volcan péléen (gris)
    • Volcan sous-marin

Le risque volcanique est un vrai sujet pour nos territoires. Comprendre le fonctionnement de cette force naturelle est donc indispensable.

La Soufrière 2
Sommet de la Soufrière – 1467 m d’altitude

Si, nous imaginons généralement que les volcans produisent de la lave rouge et fluide comme à Hawaï, dans la Caraïbe, les volcans sont différents ! Ils produisent une lave épaisse et visqueuse. Cette dernière, à cause de sa viscosité, ne se déplace pas loin de l’évent. Elle s’accumule et forme de gigantesques dômes (de lave), qui explosent lors d’une éruption.

Ces volcans, causent généralement des déferlements pyroclastiques ou nuées ardentes. Ce phénomène est un danger volcanique des plus mortel. Il s’agit d’une avalanche rapide de cendres chaudes et de fragments de roche dans un nuage de gaz dont la température dépasse probablement 600 degrés. Ils nous apparaissent comme une grande colonne de débris projetée dans l’atmosphère et ils descendent les vallées à des vitesses pouvant dépasser 160 km/h détruisant tout sur leur passage. Ils sont en plus, très difficiles à prédire, par conséquent, pour survivre, il est nécessaire d’évacuer les zones menacées dès qu’une alerte est donnée.

L’explosion cause, en plus des coulées pyroclastiques, l’émission de projectiles et la chute de cendres. Les cendres, elles, détruisent la végétation, contaminent l’eau et peuvent provoquer des difficultés respiratoires. Il est alors préférable de rester à l’intérieur (dans une zone hors de danger) ou de porter un masque adapté. Il n’est pas conseillé de conduire en cas de chute de cendre car la visibilité est faible. Dans le cas où il pleut, la conduite devient encore plus dangereuse à cause des voies devenues glissantes.

De plus, ces éruptions causent le déplacement de gros blocs rocheux. Tels des boulets de canon, ils atterrissent généralement à moins d’un kilomètre de l’évent. Il faut donc, pour survivre rester hors de portée et trajectoire de ceux-ci.

Voici où consulter les cartes des zones à risques volcanique de la Caraïbe :
https://uwiseismic.com/downloads/volcanic-hazard-atlas-of-the-lesser-antilles/

Les lahars, une autre conséquence de l’éruption sont également dangereux car eux aussi difficilement prévisibles. Ce sont des coulées de boues chargées d’eau et de sédiments brulants dévalant un flanc du volcan. Nous avons pu en voir en Martinique régulièrement, le dernier observé était en 2018.

Bien que de nombreux évènements soient difficiles à prévoir, les îles volcaniques disposent sur leur territoire d’observatoires qui, avec diverses techniques surveillent l’occurrence des séismes volcaniques, le gonflement ou le dégonflement du volcan grâce aux vues satellites et bien d’autres outils.

Voici où consulter les bulletins mensuels de l'observatoire volcanologique de la Guadeloupe et voir la Soufrière en temps quasi-réel :
http://www.ipgp.fr/fr/ovsg/observatoire-volcanologique-sismologique-de-guadeloupe

Aussi, outre ces informations préventives, il convient d’être toujours prêt. Pour cela, il faut :

  • savoir quel organisme est en charge de la prévention aux risques volcaniques sur votre territoire,
  • connaitre le plan d’urgence de votre île
  • savoir où s’abriter et s’informer en cas d’évacuation

Etes-vous prêts ?

Les éruptions volcaniques peuvent se produire dans un court laps de temps, il faut donc toujours répondre immédiatement aux ordres d’évacuation. Chaque individu a un rôle à jouer, la première étape est de savoir où trouver des informations précises. Il vous faut identifier l’organisation chargée de la gestion des catastrophes de votre île et savoir vers quels journaux locaux vous diriger en cas de crise (ils doivent avoir pour source les autorités compétentes).

La deuxième étape est d’apprendre à connaître la zone d’aléa volcanique de votre région. Vous devez savoir si vous vivez, allez à l’école ou travaillez dans cette zone et savoir les aléas qui sont susceptibles de vous affecter. Vous devez connaitre les axes à éviter et à privilégier pour évacuer une zone exposée au danger.

Il est également nécessaire de connaître le système et les niveaux (couleurs) d’alerte volcanique de votre territoire. Vous devez connaitre le plan d’urgence de votre île en cas d’éruption volcanique.

La troisième étape est de se munir d’un kit d’urgence qui peut inclure une radio à piles, une lampe de poche, des masques anti-cendres, des médicaments, des filtres à eau, des pilules de désinfection et d’autres fournitures essentielles.

La quatrième et dernière étape consiste à communiquer à chaque membre de votre famille votre plan familial (votre fonctionnement) en cas de catastrophe volcanique. Vous devez également parler à vos parents et amis qui se trouvent hors de la zone de danger pour prévoir (si besoin) d’un hébergement temporaire (hors zone de danger).