Construit sur le fleuve de l’Artibonite (plus long fleuve d’Haïti), le Lac Péligre est un central hydro-électrique situé dans le département du Centre d’Haïti, à 52 km de Port-au-Prince et 9 km de la ville de Mirebalais. Il est le second plus grand lac d’Haïti après celui de l’Étang Saumâtre appelé aussi « Lac Azuéi ». Conçu en 1950 par le président Dumarsais Estimé, le Lac Péligre fut construit par le Corps des ingénieurs de l’armée des États-Unis et financé par la banque d’import-export américaine, Eximbank dans le cadre d’un vaste projet agricole lancé dans les années 1930 visant l’alimentation en eau d’environ 32 000 ha de terres dans la vallée de l’Artibonite. Ce lac artificiel a été achevé par le président Paul Eugène Magloire puis inauguré par le président Jean Claude Duvalier. Le Lac Péligre emmagasine un volume d’eau évalué à 620 millions de m³ (Jean André Victor, 1982). Le niveau d’eau du Lac est variable avec une fluctuation de 22 m et sa profondeur maximale pourrait atteindre jusqu’à 172 m durant les mois d’octobre, novembre et décembre. Avec 72 m de hauteur et 328 m de longueur pour une superficie de 48 km², le Lac Péligre est doté d’une centrale hydro-électrique composée de trois turbines d’une capacité de 15,5 mégawatts chacune et produit en moyenne 45 MW. Le lac Péligre est classé « Zone réservée d’intérêt stratégique de Péligre » en 2015.
Bondé d’une eau relativement obscure, le Lac Péligre a cette particularité d’être alimenté par des bassins versants qui se trouvent en amont et en aval de son étendu. Sa végétation aquatique et semi-aquatique y est très peu développée mais sa couleur (vert-jaunâtre) indique plutôt la présence de chlorophycées qui enrichi son phytoplancton. Ce grand lac offre une eau plutôt de couleur verte en raison du développement important du plancton qui s’y trouve. Cette couleur résulte de la matière organique et indique la fertilité du Lac et favorise le développement de la faune aquatique. En dépit du manque d’informations disponible sur la flore et la faune de ce lac, les scientifiques ont signalé que sa faune, peu étudiée, contient des espèces comme des crabes d’eau douce et écrevisses « Kribich ou Oma ». Son avifaune est composée de 6 à 7 espèces de poisson, dont 3 introduites : le Tilapia mossambica, Cyprinus carpio et le Gobiomurus dormitor. Les deux premières ont été introduites par le Ministère de l’Agriculture en 1952. Les noms locaux pour ces trois poissons sont moro, poisson noir et Teta. Si on incluait l’autoconsommation locale par les pêcheurs, le pourcentage des « Têtards » serait plus important car il représente l’espèce préférée pour la consommation.
Il est quasiment difficile voire impossible de prendre la direction de la ville de Hinche sans ne pas tomber sous la convoitise de ce paysage pittoresque qui domine ce magnifique Lac de plus de 3.500 ha d’eau méconnue et inexploitée depuis sa création. Cette étendue d’eau à perte de vue offre une sensation d’habiter la nature à quiconque la visite. Ce haut site écotouristique pourrait se transformer en une source de richesse pour la population locale à travers le développement touristique, des activités sportives, de la pêche durable et peut servir comme lieu de formation pour initier les enfants et les jeunes à l’école de la nature.